Engagée dans un processus de lutte contre la pollution, la France s’est fixée pour objectif de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à son niveau de 1990 d’ici 2050. La loi de programme du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique énergétique de la France, prévoit une réduction de l’intensité énergétique finale de 2,5 % d’ici 2030.
Si les émissions de CO2 causent des dommages, lutter contre les émissions de CO2 suppose également des dépenses d’investissement et de coûts d’ajustement, qui n’auraient pas été engagées si l’on ne se souciait pas de ces émissions. En termes technique, c’est ce qu’on appelle dans le jargon le « coût d'évitement » des émissions de CO2. Conceptuellement, on peut nommer la somme des dommages et du coût d'évitement la « valeur du CO2 ». Par ailleurs, le bilan écologique a conduit tous les États à s'engager à ne pas dépasser une certaine limite d'émissions de CO2. L’enjeu sociétal dans ses dimensions tant économiques que politiques est de faire en sorte que le total des limites nationales se rapproche de la quantité d'émissions qui minimise le total des coûts d'évitement et du coût des dommages au niveau mondial.
L’effort à consentir est national et ne s’arrête pas au territoire hexagonal, ce qui implique que toutes les régions doivent contribuer à la lutte contre la pollution. Compte tenu des différences de niveau de richesse et des techniques de production d’une région à une autre, l’effort à consentir n’est pas ressenti de la même façon et se pose alors le dilemme entre l’équité et l’égalité. Ainsi, les outre-mer subissent déjà des écarts de niveau de vie défavorables. En premier lieu, le niveau général des prix à la consommation est plus élevé dans les DOM (de 12,5 % en Guadeloupe, 12,3 % en Martinique, 11,6 % en Guyane, et 7,1 % à La Réunion). Et les entreprises de ces territoires sont en proie à des surcoûts de production. Simultanément, ces régions sont très polluantes par rapport à la moyenne nationale. Devant l’émoi suscité à la Réunion par les mesures nationales prises par les autorités, l’Etat a finalement décidé de geler la taxe carbone. Mais étant donné l'enjeu environnemental, quels peuvent être les effets à attendre d’une hausse des prix du carburant si ce type de dispositif est réintroduit ?