13 avril 2017

1964, le Centre Spatial Guyanais se lance à la conquête de l’espace. Le territoire guyanais n’est alors doté que de peu d’infrastructures et l’environnement industriel et socio-économique nécessaire est quasi absent. Mais la région dispose d’avantages comparés qui sont d’importants atouts pour le spatial : ouverture sur l’Atlantique maximisant la sécurité des lancers, proximité de l’équateur faisant bénéficier de l’effet de fronde (et donc d’économie de carburant), climat stable qui met à l’abri des cyclones.

L’exploitation gratuite de ces ressources naturelles est une motivation considérable et suffisante pour inciter la France à y installer ses activités. Et comme ce fut le cas des exploitations minières dans les pays africains ou encore des plantations sucrières dans les anciennes colonies, c’est au prix d’investissements colossaux que les activités spatiales s’implantent.

Peu à peu, différents programmes voient le jour. Puis, s’enchainent âge d’or et période de transition. Et finalement, à l’instar des compagnies pétrolières dans les pays arabes, le retour sur investissement devient considérable. Le spatial réussit en effet à imposer la Guyane comme base spatiale européenne, fer de lance d’une technologie de pointe. Aujourd’hui l'Europe, grâce à ce bout d’Amérique, dispose d’une industrie spatiale puissante et efficace, de son autonomie, de ses propres infrastructures et occupe une place de premier plan sur le marché mondial des lanceurs de satellites, qui ne comptent que quelques puissances dont les Etats-Unis et la Russie.

Selon plusieurs études, la contribution de ce monopole naturel au PIB de la Guyane a été significative au cours du temps. Par voie de conséquence, la richesse par habitant a aussi augmenté. Néanmoins, le chômage et les inégalités ne se sont pas réduits dans ce territoire qui ne compte pourtant qu’environ 250 000 habitants, soit l’équivalent d’une ville comme Bordeaux ! Au contraire, les inégalités se sont accrues et le climat social s’est détérioré au point d’exploser (à nouveau) en 2017.

Cette étude vise à rechercher comment cette activité de mono-exportation qui constitue l’un des premiers moteurs de l’économie guyanaise pourrait contribuer davantage au développement de cette région.